Emmanuel Cormier : Surmonter les défis et trouver le triomphe en tant qu'arbitre au Championnat canadien U15 de 2023

Emmanuel Cormier : Surmonter les défis et trouver le triomphe en tant qu'arbitre au Championnat canadien U15 de 2023

30 juillet 2024 Cassidy Burton

Le parcours d'Emmanuel Cormier pour devenir arbitre au 2023 Championnat canadien U15 féminin à Brandon, au Manitoba, est un témoignage de résilience et de passion. En tant que personne neurodiverse, Emmanuel a dû faire face à des défis uniques sur le parcours qui l'a mené à être arbitre lors de cet événement prestigieux, poussé par une détermination profonde à réussir contre toute attente.   

Inspiration et motivation  

La carrière d'arbitre d'Emmanuel a commencé il y a six ans, motivé par l'amour du jeu et le besoin de trouver de la clarté et de la structure dans le softball. « Quand on est autiste, on se concentre souvent sur les règles, sur la façon dont les choses sont faites et sur la manière précise dont elles doivent être faites. J'ai besoin que les choses aient un sens logique dans ma tête, et si ce n'est pas le cas, j'ai l'impression qu'elles n'ont pas leur place ». Emmanuel explique. « L'arbitrage m'a beaucoup apporté, non seulement pour comprendre le jeu, mais aussi pour m'aider à gérer ma vie personnelle ». 

Emmanuel a commencé à arbitrer parce que, en tant que joueur, il était frustré de ne pas pouvoir comprendre le raisonnement derrière certaines règles et les décisions prises par les arbitres. Il s'est rendu compte que devenir arbitre pourrait l'aider à surmonter cette frustration, mais en cours de route, il a découvert que cela lui apporterait bien plus que la simple compréhension des règlements du softball. L’arbitrage lui a enseigné de précieuses leçons de vie qu'il a appliquées sur le plan professionnel, personnel et dans ses interactions avec ses collègues. 

Préparation et défis  

La préparation des Championnats canadiens a posé des défis importants, en particulier pour gérer les attentes et la pression d'un événement aussi important. Emmanuel souligne l'importance de la préparation mentale, décrivant comment il se plonge dans l'état d'esprit de l'arbitre avant chaque partie. « Je ne suis plus moi-même, je suis l'arbitre. J'ai un rôle à jouer et des règles à respecter », explique-t-il. 

La mémoire exceptionnelle d'Emmanuel est une force importante, lui permettant de mémoriser les règlements et de retenir tout ce qu'on lui dit. Cette capacité l'aide à se préparer : « Il suffit de suivre les méthodes et les mécanismes. J'ai créé des routines et des habitudes qui m'aident à avoir un bon état d'esprit pour arbitrer. Une fois que je suis dans cet état d'esprit, rien ni personne ne peut m'empêcher de faire mon travail correctement, et c'est pourquoi je me suis préparé avec mon point de vue unique. » 

Bien que cette stratégie aide Emmanuel à se préparer à son rôle, il reconnaît les difficultés qui en découlent. « En tant que personne autiste, on me dit souvent que je pense comme un robot et que je perçois les autres de la même manière, ce qui peut rendre les interactions difficiles. Mais dans l'arbitrage, lorsqu'il s'agit d'appliquer les règles et de s'assurer que tout le monde va bien, la précision et la structure me permettent de comprendre plus facilement. » 

Cependant, juste avant les Championnats, Emmanuel a connu un revers - une commotion cérébrale qui l'a empêché de participer aux tournois majeurs au Québec. Cette blessure a mis à l'épreuve sa résilience, mais a également mis en évidence le système de soutien qu'il a trouvé auprès de ses collègues, en particulier son arbitre en chef provincial, Francis, dont les conseils et les encouragements ont joué un rôle déterminant dans la préparation d'Emmanuel après son rétablissement.   

Moments mémorables et gestion de la pression  

En repensant à son expérience aux Championnats canadiens, Emmanuel apprécie la camaraderie et le soutien qu'il a trouvé auprès de ses collègues arbitres. « Les moments de complicité avec l'équipe ont été inoubliables », se souvient-il chaleureusement. « Même si j'étais le seul Québécois, j'ai été accueilli comme un membre de l'équipe, comme membre de la famille. » 

La pression que représente le fait d'arbitrer lors d'un événement aussi prestigieux n'a pas échappé à Emmanuel. Il reconnaît que les attentes sont élevées et qu'il doit toujours donner le meilleur de lui-même. « Parfois, je ressens beaucoup d'anxiété, et trop d'anxiété peut nuire à ma productivité en tant qu'arbitre ». Malgré la pression, il s'est assuré d'appliquer les routines et les méthodes qu'il avait développées au Québec aux parties de Brandon et s'est efforcé d'être lui-même en tant qu'arbitre. 

Soutien et inclusion  

Avant la compétition, Emmanuel craignait que les gens soient fermés d'esprit et portent des jugements, mais avant l'événement et pendant qu'il y était, il a constaté exactement le contraire. « Même avant les Championnats canadiens, les gens étaient prêts à entrer en contact avec moi », a-t-il déclaré. Emmanuel a contacté certains arbitres qui vivaient à Brandon avant son départ, et l'une d'entre eux a donnée beaucoup d’effort pour lui montrer les terrains, les vestiaires et l'hôtel avant l'événement. Elle a répondu à toutes les questions d'Emmanuel et l'a rassuré avant son départ. 

Il a trouvé que tout le monde était incroyablement réceptif et solidaire, ce qui a apaisé ses inquiétudes antérieures.  

« Les mots me manquent pour exprimer à quel point je suis reconnaissant d'avoir eu ces gens autour de moi pendant toute la semaine. Je n'ai jamais rien vécu de tel que de rencontrer des étrangers et de les quitter une semaine plus tard en ayant l'impression de quitter ma famille. Ces personnes sont devenues ma famille pendant une semaine entière. » 

Leçons apprises et conseils  

Tout au long de sa carrière d'arbitre, Emmanuel a appris des leçons précieuses applicables à la fois sur et en dehors du terrain. Il souligne l'importance de la communication et de la compréhension, en particulier lorsqu'il s'agit de recevoir des commentaires. Emmanuel a appris qu'il est essentiel pour lui de comprendre la logique sous-jacente afin d'appliquer le feedback de manière efficace. Pour ce faire, il pose des questions complémentaires afin de comprendre le raisonnement qui sous-tend le feedback. 

Parfois, Emmanuel a constaté que les gens comprennent mal ses intentions lorsqu'il pose des questions. Certains interprètent ses questions comme une résistance au feedback. Pour éviter toute mauvaise interprétation, Emmanuel a appris à communiquer la raison pour laquelle il pose certaines questions. Ce n'est pas pour remettre en question leurs connaissances, mais pour mieux comprendre le pourquoi afin d'aider à son développement. Il comprend que cela pourrait se reproduire lorsqu'il rencontrera de nouveaux collègues, mais il est prêt à résoudre tout malentendu futur. 

Emmanuel encourage d'autres personnes neurodivergentes intéressées par l'arbitrage à poursuivre leur passion avec détermination. « L'arbitrage n'est pas pour tout le monde, mais si vous êtes prêt à apprendre et à vous adapter, cela peut être incroyablement gratifiant », conseille-t-il. « Cela m'a permis de vivre des expériences incroyables et de rencontrer des gens extraordinaires. Si vous êtes passionné et prêt à apprendre, l'arbitrage peut être l'une des plus belles expériences de la vie. Personnellement, cela m'a permis de devenir la personne que je suis aujourd'hui. » 

« Si vous ne savez pas si l'arbitrage est fait pour vous, essayez-le. Si cela ne vous convient pas, ce n'est pas grave, il y a d'autres voies pour réussir. Mais si le déclic se produit, soyez le bienvenu dans la famille et profitez du voyage ! » 

Aspirations et réflexions futures  

Pour l'avenir, Emmanuel encourage les organisations sportives et les communautés à s'efforcer d'être plus inclusives et de soutenir les personnes neurodivergentes comme lui. « Prenez le temps d'écouter et de comprendre », recommande-t-il. La création d'un environnement inclusif est bénéfique pour tous et permet aux individus de s'épanouir.   

Alors qu'il réfléchit au moment dont il est le plus fier aux Championnats canadiens, Emmanuel reconnaît le chemin parcouru depuis son diagnostic d'autisme à l'âge de cinq ans. « Je peux réaliser tout ce que je veux, comme n'importe qui d'autre, et cela a été pour moi la preuve que je suis un bon arbitre », déclare-t-il avec confiance.   

Le parcours d'Emmanuel Cormier en tant qu'arbitre au Championnat canadien U15 témoigne du pouvoir de la détermination et est une source d'inspiration pour tou(te)s ceux et celles qui doivent relever des défis dans la poursuite de leurs rêves. 

Le mois de juillet est reconnu comme le mois de la fierté de l'handicap. Softball Canada encourage ses membres à profiter de cette occasion pour honorer les réalisations, les expériences et les luttes de la communauté des personnes ayant un handicap. Pour en savoir plus sur le Mois de la fierté de l’handicap, visitez le site Web du YMHC

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